Le débat sur la taxe lapin : une solution fantôme face à la désertification médicale en France ?

La désertification médicale est une réalité palpable dans les Hautes-Pyrénées, que cela soit en montagne, en ville ou en zone rurale.

La réalité de la désertification médicale en France #

L’urgence est de lutter contre cette réalité plutôt que contre les rendez-vous manqués, un phénomène qualifié de marginal par les professionnels de la santé.

Il y a une décennie, on comptait 260 médecins généralistes dans les Hautes-Pyrénées. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 160. Notamment, sur l’agglomération tarbaise, le nombre de médecins est passé de 58 à 26. La taxe lapin, une mesure visant à sanctionner les patients qui ne se rendent pas à leurs rendez-vous, est perçue comme une diversion qui risque de troubler la relation médecin-patient.

La prévalence des « lapins » dans le secteur médical #

La taxe lapin est censée répondre à un problème de rendez-vous non honorés par les patients. Cependant, ce phénomène reste très marginal, notamment en zone rurale. Par exemple, un cabinet de médecine générale dans les Hautes-Pyrénées rapporte très peu de « lapins », avec un ou deux par jour au maximum.

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Les médecins insistent sur le fait que le véritable problème est celui de la désertification médicale. Il s’agit du nombre insuffisant de médecins pour répondre aux demandes des patients. En d’autres termes, il est plus urgent de s’attaquer à la pénurie de médecins qu’à la question des rendez-vous non honorés.

  • 260 médecins généralistes dans les Hautes-Pyrénées il y a 10 ans
  • 160 médecins généralistes dans les Hautes-Pyrénées aujourd’hui
  • 26 médecins sur l’agglomération tarbaise actuellement contre 58 il y a 10 ans

La mise en œuvre pratique de la taxe lapin #

La mise en œuvre de la taxe lapin soulève certaines interrogations. Comment cette taxe de 5€ sera-t-elle recouvrée ? Qu’en est-il des patients qui n’ont pas de carte bleue ? L’idée d’une empreinte de carte bleue pour taxer les patients semble difficile à mettre en œuvre.

De plus, l’efficacité de la mesure est remise en question. Est-il vraiment utile de mobiliser du temps de secrétariat pour une amende de 5€ qui, une fois les charges payées, se transformera en 2,50€ ? N’est-il pas plutôt temps de se concentrer sur la question de la désertification et celle de la revalorisation de l’acte médical ?

La nécessité d’une réforme plus profonde du système médical #

En fin de compte, la taxe lapin semble être un pansement sur une plaie béante. La désertification médicale, le manque d’investissement pour moderniser les matériels de diagnostic, la difficulté à orienter les patients vers les spécialistes sont autant de problèmes qui nécessitent des solutions plus profondes et plus urgentes.

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L’enthousiasme suscité par les applaudissements à 20 heures lors du confinement du Covid-19 n’est pas suffisant pour résoudre les problèmes structurels de la médecine générale en France. Un métier passionnant mérite mieux que des solutions de surface pour le soigner.

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