La taxe lapin : est-ce réellement la solution pour lutter contre les rendez-vous non honorés ? Les experts doutent

Une taxe pour combattre l’absentéisme médical : un pari risqué #

Pour beaucoup, cette proposition semble être une solution efficace pour garantir des millions d’heures de consultations médicales. Cependant, selon Nicolas Jacquemet, chercheur en économie comportementale, cette mesure pourrait avoir l’effet inverse et entraîner une augmentation des annulations.

En effet, la « taxe lapin » pourrait transformer une relation sociale, basée sur des considérations morales et éthiques, en une relation transactionnelle basée sur un simple calcul coût/bénéfice. La perspective de devoir payer une petite amende pour un rendez-vous manqué pourrait inciter certaines personnes à annuler plus facilement leurs rendez-vous, surtout si elles doivent faire face à une situation d’urgence.

Sanctions monétaires contre sanctions sociales : le dilemme #

Le chercheur souligne que les sanctions monétaires ne sont pas toujours efficaces pour influencer le comportement des gens. Par exemple, une expérience menée dans une crèche d’Haïfa a montré que l’imposition d’une amende de trois dollars pour les retards des parents venant chercher leurs enfants avait entraîné une augmentation des retards. Dans ce cas, la sanction monétaire a transformé une décision basée sur des valeurs morales en une décision basée sur un calcul financier.

Il en va de même pour la « taxe lapin ». En transformant la relation entre le patient et le médecin en une relation transactionnelle, cette taxe pourrait dégrader la qualité de cette relation et entraîner une augmentation des rendez-vous non honorés. Les patients pourraient se sentir moins coupables de manquer un rendez-vous s’ils ont payé une amende, tandis que les médecins pourraient se sentir frustrés par l’augmentation des annulations.

Des alternatives à la taxe lapin #

Face au risque potentiel d’une « taxe lapin » contre-productive, d’autres solutions sont envisagées pour lutter contre les rendez-vous médicaux non honorés. Le chercheur souligne l’importance de la sanction sociale, qui joue un rôle crucial dans le comportement des patients. Ainsi, renforcer la dissuasion sociale pourrait être une solution efficace.

Par exemple, on pourrait imaginer la mise en place d’un système de notation individuelle, qui permettrait aux médecins de savoir combien de fois un patient a annulé ses rendez-vous sans préavis. Un tel système pourrait avoir un impact significatif sur la réputation des patients et les inciter à honorer leurs rendez-vous.