Découvrez comment l’ancienne tradition de la vannerie transforme la vie des femmes à Harar, en Éthiopie, malgré la crise

Harar, une cité fortifiée située à 500 kilomètres à l'est d'Addis-Abeba, est en proie à une double crise : la pandémie de Covid-19 et de nombreux conflits.

La résilience au cœur de la crise #

Malgré ces défis, Sada Abdosh, une femme quinquagénaire, continue d’enseigner l’art de la vannerie à des étudiantes de tous âges. Ces paniers colorés, emblématiques de Harar, sont plus qu’un simple objet : ils sont un moyen pour ces femmes d’acquérir leur indépendance économique.

Depuis 2016, Sada Abdosh forme des centaines de femmes grâce à un atelier financé par l’État. Le double objectif de cet atelier est de préserver cet héritage culturel précieux et de favoriser l’autonomisation économique des femmes.

L’évolution et l’innovation dans la tradition #

Il y a 60 ans, cette tradition était menacée d’extinction car de plus en plus de femmes quittaient Harar. Cependant, une femme a ouvert sa boutique et un système de coopératives a vu le jour. Les femmes des périphéries ont également reçu une formation. La vannerie n’est pas une tradition figée, elle évolue constamment. Par exemple, il y a trente ans, on comptait 24 motifs de paniers différents, mais aujourd’hui, il y en a 39.

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La légende veut que la vannerie ait été introduite à Harar par la femme d’Amir Nur, qui a fortifié la ville au XVIe siècle. Cependant, le style actuel de ces paniers est probablement le résultat d’une fusion de différentes techniques, en constante évolution.

Inspiration et aspiration pour la nouvelle génération #

Sada Abdosh a appris à tisser en observant sa mère et ses tantes. Après avoir confectionné deux pièces de vannerie qu’elle considérait comme parfaites, elle a décidé de transformer son hobby en une activité lucrative. Cela lui a permis d’acquérir une indépendance économique et d’accomplir des choses qu’elle n’avait jamais imaginées, comme passer son permis de conduire.

Eman Yahya, une jeune femme qui s’est mariée à l’âge de 15 ans, admire Sada Abdosh. Elle apprend la vannerie dans l’atelier de Sada et aspire à ouvrir sa propre boutique. Elle voit la vannerie comme une alternative au marché du khat, une plante aux effets similaires aux amphétamines, très populaire dans la région.

  • La vannerie est principalement une entreprise féminine.
  • Les hommes qui tentent de se lancer dans la vannerie utilisent souvent du plastique ou du fil, plus faciles à manipuler.
  • Les produits de la vannerie peuvent être des cadeaux, des objets décoratifs, des plats, ou même des écrins pour les bagues de fiançailles.

Un héritage et un espoir pour l’avenir #

Sebla Harrgeweyn, une femme de 35 ans, vend déjà ses broderies et ses paniers. Elle espère augmenter ses revenus en fabriquant des paniers plus sophistiqués. Sada Yusuf, qui tient une boutique de souvenirs, achète les paniers des tisseuses diplômées. Les revenus de la boutique, combinés à ceux de son mari, ont permis de financer les études de leurs enfants.

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La vannerie est plus qu’un simple artisanat à Harar. C’est un moyen pour les femmes d’acquérir une indépendance économique, de préserver une tradition précieuse et de faire face à des défis sans précédent. Il est clair que la patience et la détermination sont des qualités essentielles pour ces tisseuses.

Reconnaissance internationale #

Harar est reconnue internationalement pour son patrimoine culturel. La cité fortifiée de Jugol, à Harar, fait partie des onze sites éthiopiens inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. En 2023, le festival harari de Shuwalid a été ajouté à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Malgré les défis, la tradition de la vannerie à Harar continue de prospérer, offrant un espoir et un avenir à de nombreuses femmes.

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